Prélude au concert

Dans ce bar irlandais, la musique y est habituellement folklorique et celtique, mais ce bon vieux McKenzie regrette tellement ses mortes années de jeunesse à jouer de la musique sans être reconnu qu'il offre l'opportunité à n'importe quel type de groupe de musique de se produire occasionnellement dans son établissement pour peu que les membres soient de bons consommateurs et un temps soit peu sympathiques et mette l'ambiance.

C'est ainsi que "Duodénum" se retrouva ce soir sur les quelques planches de ce qui peut être appelé une scène. A peine la place de mettre la batterie et les amplis, bref, pas de jeu en mouvement pour ce soir.

L'heure approche, et le bar est déjà assez bien rempli, il faut pourtant faire des essais sonores pour régler l'ensemble des volumes et accorder les instruments pour ce petit concert sans table de mixage pour apporter les correctifs habituels.
Pas de costume ce soir, les vétements sont citadins pour ne pas jouer sur la provocation, seuls les yeux sont grimés de noir et les mitaines sur les poings. Lionel s'approche et empoigne sa chère basse, l'ensemble de ses compagnons effectue le même rituel.
Pour débuter, les duodénums ont choisis de se lancer dans un morceau
connu et aux accents "tranquilles" pour le niveau habituel du groupe
dirons nous. En effet, il faut plaire au plus grand nombre car le bar
n'est pas spécialisé dans le gothique, la playlist a donc été adaptée
en conséquence.
Tous regardent le batteur qui doit donner le départ. Alors que le DJ baisse le son de sa playlist, les baguettes claquent... 1 .2 ... 1 . 2 . 3 . 4 ...




Les premières voix se font entendre, notamment Lionel qui participe activement au chant. Cela est assez brouillon mais constitue un test des micros efficace.
Puis les autres instruments se rajoutent dans un petit riff qui donne un bon aperçu du volume général du concert.
Puis enfin, le rythme de base est à jouer en solo au début, travail de notre bassiste Lionel qui vient lécher ses cordes une a une pour sortir les sons. C'est toujours avec un plaisir non dissimulé qu'il se livre à ce rituel où il doit donner la pleine mesure de sa maitrise et permettre a ses acolytes de se calquer sur ses mesures.

C'est enfin parti, les instru vibrent, les sons sortent, l'ensemble est harmonique, le véritable amusement peut enfin débuter, c'est le défouloir total, d'autant que le public apprécie l'exercice et entament des prémices de pas de danse.
Le titre est connu et entrainant, ce soir, il va falloir limiter les compositions personnelles trop orientées pour plaire au public, le but est de prendre du plaisir, contenter ce bon vieux poivrot de Mc Kenzie, et enfin régalé le plus grand nombre, qu'ils soient venus pour le spectacle ou pour simplement boire un verre.


La chanson se termine, les danseurs et le premier rang applaudissent, ils en redemandent déjà, mais il ne s'agissait que d'un test, l'heure d'affluence n'est pas encore sonné.
Malgré tout, il y a un petit pincement de coeur de devoir reporter ce plaisir de jouer et de faire vibrer les gens, même de quelques minutes, après avoir donné un premier échantillon.

Bah, une bonne bière va permettre de rendre l'attente plus agréable.

Mc !!! C'est ma tournée, envoie le carburant pour tes joyeux drilles !!!

Le Port Moulinsart commençait à s'animer en ce début de soirée. L'ambiance d'après-travail d'une ville qui avançait trop vite. Les flux s'accéléraient jour après jour, matériels comme immatériels, cette augmentation était présente chez chacun des habitants de la ville, comme emportés par cette croissance infernale. Trop d'informations, trop de problèmes. Trop de travail, les gens entendaient parler de l'insécurité sur tous les médias mais ne pouvaient rien y faire, pris dans la tourmente des temps modernes et la suractivité des super-héros qui jonchaient les magazines spécialisés. Tout comme les résultats de matchs de football, on se racontait le soir autour d'une bière les dernières frasques de son super-héros favori.

Là, une femme se scandalisait de la conduite de Muscle d'Or, poussée par ses amis tout aussi offusquée. Plus loin, un groupe d'hommes d'affaire commentaient les repercussions du Parti des Sans-Bérets sur le marché des hautes technologies... conversation complexe. Deux autres vantaient les mérites des costumes en latex sur les super-héroines, classique.

Le bar s'amplit vite, attirés par la musique et désireux de se rassasier le gosier, de nombreux individus s'entassaient et finissaient par se remuer sur le son houleux du petit taré à mitaines accompagné de ses copains probablement chômeurs.

Un groupe de filles blondes à forte poitrine s'était rapproché de la scène, jetant quelques coups d'oeils lascifs aux membres du groupe. De temps à autre, elles étaient emportées par les violents pogos qui se formaient ça et là.

Un homme d'environ un mètre soixante aux épaules imposantes et au ventre bedonnant gloussait avec ses deux amis gorilles au milieu de la piste. Le leader présumé portait un casque à cornes de taureau et personne ne semblait s'offusquer. Ses deux amis avaient le crâne rasé, l'air d'avoir quitté l'école trop jeunes et des mines peu engageantes. On pouvaient entendre un murmure disant que "le Taureau s'apprêtait à foutre la merde". Les gens s'écartaient bien que la piste soit à présent pleine et l'ambiance déjà très réchauffée.

Les membres de Duodénum purent entendre de la part du petit groupe des insultes de plus en plus fortes. "Le Taureau" gueula même directement à Lionel qui était le plus en avant :

"Hé mon gars ! T'sais qui je suis ? Le patron du quartier héhé... Tu vas nous faire un truc qui ressemble un peu moins à de la bouse avec vos guitares de mariolles ?"

Quel plaisir intense ! Même sans aucune rémunération, le simple fait de voir tous ces inconnus se déhancher sur les vibrations des instruments et faire naitre un tel contentement sur tant de visages en même temps est une reconnaissance qui vaut plus que toute paye éventuelle.
Ajoutons également que voir une frange du public féminin se pamer devant une performance musicale est un bon moyen de rentabiliser la soirée sur un plus ou moins long terme ...

Mais rien n'est totalement exempt de défaut, ainsi, outre les quelques personnes boudant le style musical mais ayant la décence de laisser les autres profiter en ralant en silence, il y avait les boulets aux égos surdimentionnés qui ne peuvent s'empeché de tout vouloir controler par la force ... le spécimen ici présent en est un parfait spécimen.

Les quelques insultes proférées lors de la musique ne perturbèrent pas trop l'ambiance générale, mais la dernière phrase lachée lors de la retombée sonore des dernières notes put parfaitement être entendu pour Lionel qui se sentait particulièrement visé.
Reposant leurs instruments pour aller remplir les gosiers asséchés par le chant, les membres du groupe partaient dans l'optique d'ignorer le "taureau". Tous sauf Lionel qui avait directement subie l'insulte.
L'effet de groupe et la transposition dans son "personnage" de metalleux lui donnèrent l'excès de confiance nécessaire pour répondre à la provocation, dérogeant exceptionnellement à son pacifisme légendaire.
Ses paupières peintes de noir et le visage fermé, le bassiste comptait sur son air menaçant pour donner du poids supplémentaire à ses mots.

Je plains ce quartier d'avoir un patron comme toi espèce de gros con.
Hey, pourquoi tu prendrais pas tes 2 skin head avec toi et irais voir dans ton cul pour voir si j'y cache pas un meilleur répertoire !

Volontairement provoquant, Lionel imaginait avec aise que malgré son QI d'huitre, ce taureau n'allait pas osé déclenché de bagarre avec les acteurs de la soirée, sous peine de voir tout un bar lui tomber dessus.
Mais en réfléchissant un peu plus, ce mec se prenait pour un patron de quartier, donc persuadé d'être dans son droit, et le concept de solidarité échappent trop souvent à une foule constituée d'inconnus qui risqueraient de mettre trop de temps avec d'arreter le maboul.
Le metalleux xhercha alors du soutien dans le regard de ses compagnons tout en reculant vers eux lentement.
Seul le batteur réagit immédiatement et se posta auprès de la cible potentielle, interogeant les autres membres sur leur inactivité. Ce à quoi ils répondirent.

Laisse Flo, on attends qu'il nous sorte un bon vieux délire nécrotique pour voir l'aut' abruti se chier dans le falsard.

Il faut croire que les jeux de Rome aurait encore du succès de nos jours malgré la mise en danger des gladiateurs ...

Un premier constat collectif se fit dans la pièce surchauffée du bar : le petit chanteur de Duodénum en avait des bien solides. Toutefois un deuxième constat venait directement après le premier : on appelait pas le Taureau pour rien. Il y avait sans aucun doute du choc d'entrejambe dans l'air. Quelques femmes mûres eurent un soupir de consternation, désespérée devant le conflit viril éternel de deux amateurs de bière.

Les petites répliques acides de Lionel eurent pour effet de crisper violemment le visage des deux acolytes du taureau, illustrant excessivement leur soif de castagne. Il remarque que leurs yeux étaient rougis, chauffés à blanc par les liqueurs introductives à toute soirée digne de ce nom.

Au fur et à mesure que la tension formait un lourd fardeau sur le public, de nombreuses personnes baissèrent la tête lâchement, comme pour indiquer qu'on souhaitait seulement passer une bonne soirée, sans chichis. Les filles qui s'étaient montrées si tentées se dirigèrent subitement vers le bar : Duodénum était un groupe bien gentil mais c'était leur première fois et on ne risquait pas une arcade sourcilière pour des types fraichement débarqués : pas de chance.

Un des guitaristes du groupe vit de l'urine tremper son pantalon : il se recula jusqu'au mur le plus proche comme si de rien n'était. Alfred était un brave type amateur de musique qui s'était lancé avec Lionel plus par amitié que par véritable ambition musicale. Longtemps couvé par sa maman, il ne supportait guère les coups de pression de la racaille mutante.

Triste constat à Sainte-Justice : le mélange de super-héros, de mutants et de criminels avait donné un cocktail aromatisé sauvagement à la violence.

Les trois loubards montèrent sur scène : le public se fendit comme la mer sous Moïse. Le Taureau donna une claque au batteur qui décolla littéralement du sol pour s'écrouler un mètre plus loin. Lionel était sous le choc : le type avec qui il venait d'avoir un comportement rock n roll possédait une force démesurée. Triste monde. Avant même que Lionel n'ait pu réagir, il le saisit par le col et l'envoya valser près de la porte : il se racla puis glissa. Personne ne l'aida à se relever. Le Taureau ne plaisantait pas. Pendant ce temps là, un des acolytes à la tête rasée s'était placé à la batterie tandis que l'autre avait pris la guitare d'Alfred. Ils débutèrent une ballade celtico-metallique sur laquelle le public se sentit obligé de se trémousser, au moins pour la forme.

Un poing dans le ventre, puis un uppercut. Lionel était sur le point de vomir pendant que le monstre l'insultait en riant. Les héros faisaient la loi jusqu'au bout. Du sang coula à la commissure de ses lèvres, ses membres étaient meurtris. Le Taureau le jeta sur le trottoir et lui geula :

"Quand on fait le malin avec Taureau, Taureau t'assomme !"

Et sur ces paroles intellectuelles, il lui claqua la porte du pub au nez.

Quand on imagine le pire, on est souvent agréablement surpris par l'atténuation de nos craintes lors du moment attendu. Il est connu que nous amplifions négativement les réactions en chaines que nous redoutons. Mais certaines exception viennent aussi confirmer la règle.

Avoir l'ensemble des gens du public faire profil bas et baisser la tête en terme de soumission, voir également le staff du pub se soumettre.
Voir ses collègues au départ si confiant au vue de la première réaction de leur collègue qu'ils savent mutant, devenir blême au point de déféquer dans leurs sous vetements (pour parler poliment), et voir le seul ami ayant pris la défense se faire éjecter d'un simple revers de main, on peux dire que non, on ne pouvait imaginer pire scénario.

Lionel était alors comparable à un caméléon tant son visage était polychromatique. Passant du blanc de peur au rouge colère en passant par le bleu effroi et le violet ecchymose.
Les coups pleuvaient sans qu'aucune accalmie ne daigne pointer le bout de son nez. Dans la fureur de l'action, impossible de prendre le temps de réfléchir, et bientot notre bassiste se retrouva à l'extérieur du bar, les fesses sur le trottoir.
C'est uniquement à ce moment là qu'il prit conscience de se qu'il venait de subir et souffla longuement, comme pour exorciser ce moment là.
Mais la pause fût de courte durée car bientôt, la colère fût prépondérante, et la rage émanait de ses cris au même rythmes que les postillons de sang.
De bonnes insultes comprenant des mots affiliées à une volière ou des pratiques sexuelles se heurtaient à la porte maintenant close de l'établissement, puis en un instant plus rien, le metalleux se tut, se rendant compte d'un énorme problème.
En effet sa frénésie de rage avaient déclenché son pouvoir involontairement, et on put voir bon nombres de fragments de carapaces d'invertébrés morts flotté dans l'air extérieur.
Le stress monta, et avec lui la quantité de débris organiques.

*Ouah merde ça craint, je veux pas qu'on me prennes pour un anormal, je veux rester humain, pas envie qu'on me juge pour mon pouvoir étrange. Bordel, plus je stresse et plus y en a ...*

Afin de chasser ses craintes, Lionel s'aventura à réouvrir les portes du bar, mais ce qu'il vît l'enfonça plus encore.
Dans cet environnement confiné, la densité particulaire devenait inquiétante, et bientôt l'air serait totalement saturé par ces minuscules parties d'insectes qui, si inhalées, pouvaient devenir dangereuses. Pour couronner le tout, quelques fragments osseux de petites tailles filtraient par les fentes du parquet.

*C'est pas vrai, mais il cache quoi dans sa cave ce Mc Kenzie, il collectionne les cadvres ou quoi?*

Lionel était en sueur, mais par chance, l'obscurité relative du lieu cachait encore un peu les particules qui passaient encore pour un trop plein de poussières, et le monde marchaient alègrement sur les debris, les assimilant à du verre cassé ou les octroyant à la modestie du lieu.
Personne ne pouvait accuser le bassiste d'être l'auteur de ce phénomène, sauf peu être Alfred qui, aidé des quelques projecteurs, s'aperçu du phénomène et s'empressa de crier.

Lionel arrête !!! tu vas tous nous tuer avec tes créatures !!! j'ai peur arrête !!!

Et bien entendu, cela permis au taureau de s'apercevoir que sa victime était rerentré, ce qui engendra 2 nouveaux pic de stress et son lot de nouvelles agitations nécromantes, plus grosses cette fois, faisant par moment éclater des lames de parquet pour liberer des ossements et de la chair pourris d'animaux morts.

*Pour le coup, s'est officiel, Mc Kenzie est nécrophile, ... et Alfred est viré...*

Lionel le musicien aux allures de geek mal léché fit son coming out. Et pas dans la finesse. Les clients fumeurs à l'entrée du bar le regardèrent désespérés en le voyant rentrer à nouveau. Encore un qui ne lâchait pas l'affaire, mais cette fois-ci, plus glauque.

On eut donc le droit à une reproduction personnalisée d'un bon western. Le cowboy prenait sa revengeance dans le cabaret plein à craquer, fâce à son ennemi confiant. Les deux gorilles rasés perdirent leur calme et noyèrent la salle d'une vague d'insulte sans véritablement agir : ce qu'ils voyaient commençaient à effrayer les simples humains qu'ils étaient.

Le Taureau se retourna, un air vicieux aux lèvres. La femme du patron l'implora les yeux au ciel de ne pas détruire le pub.

"Je vois... je vois... un mutant. Je ne vais même pas te demander ton parti petit prétentieux. La règle première à Sainte-Justice est la même pour tous : le respect. Héhé..."

En un instant, il fonça droit devant. Des os en lévitation vinrent se planter dans ses cuisses et ses avants bras. Il gémit tout en continuant sa course en direction de Lionel. Sa démarche était étonnément puissante par rapport à son gabarit.

"Arg... du défi, j'aime haha !"

Son plaquage se fit à la mutante. Il prit Lionel par les hanches et sauta avec lui tout en le pressant. Ils explosèrent ensemble la porte d'entrée et se retrouvèrent affalés sur le trottoir. Plusieurs clients fuirent en courant.

La rixe faisait rage. Du monde était à présent sorti pour les observer tout en veillant à ne pas s'approcher trop près des étranges débris qui virevoltaient autour de Lionel tout en lacérant la peau du Taureau qui ne lâchait pas encore prise. Ce dernier avait les muscles particulièrement tendus, sur lesquels suintait du sang.

Lionel sentait ses forces régresser rapidement, ses muscles asphyxiés par les poignées brutales de son adversaire. L'ambiance déclinait : on commençait à comprendre parmi les badauds qu'il ne s'agissait plus d'une simple bagarre habituelle entre demi-dieux orgueilleux mais une lutte bientôt à mort. Des chuchotements leur parvinrent : certains avaient appelé la police.

Le Taureau bascula en arrière, le visage couvert de sang. Il soufflait, ne parlait plus, preuve qu'aujourd'hui il avait sous-estimé l'homme qui lui faisait face. Ses blessures n'étaient que relativement profondes : son corps semblait être aussi dur que du roc.

On entendit des sirènes de police au loin, certains clients rentèrent dans le bar tandis que d'autres quittaient les lieux en douce.

La lutte avait semblé être une victoire pour Lionel qui s'était empressé d'aller fêter l'évènement autour d'un morceau brutal. Pourtant le Taureau n'avait pas tout à fait lâché l'affaire : le son de la police l'avait poussé à quitter le lieu du conflit. Il avait maugréer tout ensanglanté avant de s'enfuir dans la nuit. Personne n'était dupe : dès que les flics auraient réalisé leur routine et que tout serait retombé dans le quartier, le Taureau reviendrait, comme toujours.

Les jours suivants seraient sans doute essentiels pour Lionel : le moment de faire ses preuves, ou disparaitre dans une ville qui contenait déjà trop de héros quotidiens.

En attendant, des pogos se lancèrent partout dans la salle. Quelques déchainés alcooliques et des loques à dreadlocks se démettaient leurs épaules les unes contre les autres sur ce son que la plupart des clients jugeaient trop violent.

A peine le temps de se faire applaudir et se faire recouvrir de bière chaude par de nouveaux fans éméchés que les policiers se pointaient dans le pub. Tout le monde dégagea et Lionel se retrouva rapidement face à ce qui semblait être l'officier principal.

De lourdes poches venaient couvrir ses yeux lassés, une fine moustache décorait ses lèvres minces.


"Nom, prénom... que s'est-il passé ? Etes vous l'un des mutants fauteurs de trouble ?"

La police venait finalement d'arriver, perturbant la foule de danseurs déchainés. Lionel posa sa basse et attendit que l'un d'eux vienne à la pêche aux informations.
Avant même de répondre au commissaire, il envoya un regard désolé au vieux Mc Kenzie, en guise d'excuses sommaires mais sincères. Puis il avança en baissant la tête face à son interlocuteur et parla calmement.

Je m'appelle Lionel Ayax, je suis analyste en laboratoire et musicien à mes heures perdues, j'ai effectivement fait parti de la rixe qui vient de se produire, mais je me place en qualité de victime, n'ayant fait que de la légitime défense et sans porter préjudice à une tierse personne.
De nombreux témoins pourrons corroborer mes dires, de même que mes blessures.

Implicitement, Lionel espérait qu'une frange du public le soutienne dans ses affirmations, sans pour autant le qualifier de héro, ce qui le rendrait encore moins anomyme aux yeux des forces de l'ordre.

La majorité du public se défila lorsque les policiers interrogèrent Lionel. Ce n'était qu'un musicien sans renommée après tout, il n'avait pas le pouvoir et l'envergure pour dominer les agents de l'ordre et tout le monde craignait de se faire fouiller. La nuit, les poches n'étaient pas toujours pleines de bonnes choses...

Le policier moustachu ricana avec ses collèges. Sainte-Justice avait vu la violence et le pouvoir reprendre le dessus sur les lois lors de l'émergence des héros. On vivait un vrai western à l'européenne où la véritable influence résidait dans la peur que vous inspiriez à votre voisin. Sale temps pour les faiblards et les inconnus.

"Ayax... hein... inconnu au bataillon. Ecoute moi bien mon gars, toi et tes légitime défense, tes dires à corroborer... haha... vous avez entendu les gars. Des petits cons comme toi qui foutent le bordel, on en voit tous les jours et on en veut pas plus. Si t'as des problèmes, tu les règles en privé et tu nous fais pas chier.. sinon ca se passera mal. En attendant, tu vas faire un tour en cellule de dégrisement mon pote..."


Une nouvelle leçon "saint-justiciate" pour Lionel : les flics se domptaient ou vous entravaient. Deux policiers s'approchèrent pour lui passer les menottes afin de l'emmener au commissariat du quartier. Le lieutenant moustachu avait la main posée sur son revolver, dans l'expectative.

Une vague de desolidarisation se fit sentir dans le bar. Personne ne réagit : personne ne souhaitait d'ennuis. Soutenir le jeune mutant n'était pas encore profitable. Sans renommée, celui-ci ne pouvait garantir aux citoyens une meilleure garantie que celle fournie par les forces de l'ordre.

Il se fit donc mettre les menottes, emmené par les policiers jusqu'à leur véhicule de fonction. Derrière lui, des regards culpabilisés suivaient ses pas. La lutte pour la conquête du quartier débutait et le Taureau se maintiendrait coûte que coûte.


Demain, a six heures du matin, il serait relâché comme tant d'autres à l'entrée du commissariat après une nuit agitée et un petit déjeuner rassi...




Voilà la session terminée, tu peux rejoindre le mode libre avec les autres joueurs. Ton barème de popularité et de gadget sera bientôt mis à jour !