Les comics et nous

Ici nous pouvons discuter en toute impunité sans que je vienne vous tirer les oreilles ]Faites nous découvrir ce qui vous passionne dans les comics ou, à l'inverse, ce qui vous révolte. DC, Marvel ou autre, les débats sont ouverts !

Je disais donc : Avant, dans mon innocence culturelle, j'ignorais l'univers de Moore et, je me dois de l'admettre, je méconnaissais les personnages DC. Depuis, j'ai parlé à Walker qui, encore aujourd'hui, s'occupe bien gentiment de m'instruire. Je suis quelqu'un plutôt manga, à la base, et si j'ai toujours eu un oeil curieux pour les x-mens, je ne m'y suis réellement attaché que dernièrement. Puis, j'ai découvert Moore, un type plutôt exceptionnelle qui m'a renversé grâce à Watchment. Je suis plus enthousiaste que Walker sur le film éponyme, mais le comics transcende en effet le film, et de loin...

J'ai commencé From Hell, toujours de Moore, et du peu que j'en ai lu, je peux déjà affirmer que le film ne lui fait pas honneur. C'est pourquoi, quand Walker affirme que la ligue des gentlemans extraordinaire n'est pas l'ignominie fécale qui a souillée mon écran, je le crois bien volontiers. Rien que d'imaginer un Nemo raciste qui rigole à la vue d'un anglais trucidé me met en joie et je regrette de ne pas trouver l'édition dans ma bourgade. Concernant Batman, qui est l'un des personnages DC que je préfères, j'avoue avoir depuis peu de temps, moins d'engouement à son égard, surtout depuis la découverte de Rorschach. Au final Bruce Wayne est plutôt un super héros qui a su vieillir, mais qui fut souvent souillé par la présence d'acolyte si souvent détestable. Ce qui me plaît chez Moore, en plus de son intelligence, c'est sa faculté déroutante à créer des personnages complexes, humains, et exceptionnels. Les DC, comme les marvels, restent sympathique mais, même si parfois ils s'adressent aussi bien aux adultes qu'aux plus jeunes, ils n'ont aucunement la dimension transcendante d'un Moore capable de faire une uchronie telle que Watchmen où tous les super héros disposent d'un charisme aussi important sans pour autant s'écraser les uns les autres.

Mais Moore a écrit pour DC et Marvel, tu sais.
Moore est un génie, soyons honnêtes : en matière de littéraire, il est un des maîtres du XXe siècle car comme les plus Grands, il a su comprendre le médium qu'il utilise (le comics), l'a appréhendé comme un moyen de toucher et pas un but et a su dépasser ses limites (Watchmen représente la synthèse de ce que tu peux faire de mieux avec le genre en comics : jeu des cases, jeu des apparitions/disparitions, jeu des couleurs, jeu des annexes, jeu du "tiens je te dis pourquoi tu as vu ce personnage à l'arrière-plan durant deux épisodes et quand tu relis tu vois que tout était déjà dit dès les premières pages", etc.). Il est très, très, très fort et il a su très bien écrire sur différents thèmes : les super-héros avec Watchmen, les héros littéraires en les rendant plus humains mais en ne les salissant jamais (la Ligue), le mystique avec From Hell (sublime), le révolutionnaire et le politique avec V for Vendetta (qui a changé ma vie), le divin avec Miracleman (ou comment il a repris un personnage clone anglais du Captain Marvel d'origine pour en faire une réflexion sur la divinité et l'approche de l'Humanité), la réalité avec Promethea.

Moore est le plus Grand pour moi, tout bêtement. Mais il a aussi écris pour Marvel et DC, et on voyait déjà son génie même s'il apparaissait ici sur la fibre nostalgique. Il a quitté les deux gros parce qu'il n'appréciait pas leur tournure plus mercantile et plus "mode", à suivre la mode. Chez Marvel, il a écris des histoires de Captain Britain mêlant science, futur à la V for Vendetta et mysticisme ; chez DC, il a inventé le concept à la base du gros événement actuel de DC, et il a aussi écris la "mort" de Superman (avant un reboot complet de l'univers, il a eu droit d'écrire deux hypothèses de conclusion de l'âge de l'innocence magnifiques).

Pour Batman, il est comme Superman et tant d'autres victime des auteurs : s'ils sont inspirés, il est parfait, si non...beaucoup moins. Il y a quelques morceaux choisis de Batman, différents mais bons : le Year One de Miller et Mazzuchelli, déjà sublime graphiquement et terriblement fort dans la symbolique (les débuts du Dark Knight, de Gordon & Co. avec une humanité terrible) ; le Dark Knight Returns de Miller tout seul, où comment Bruce Wayne à 50/60 ans, après 10 ans à avoir raccroché la cape face à un gouvernement corrompu, décide de revenir laver sa ville violée (au sens propre et figuré) et vaincue par une horde de mutants, un manifeste d'auto-défense et un cri de rage de Miller : même si on n'est pas d'accord avec tout, l'exercice frôle la perfection ; The Killing Joke par Moore, pas forcément génial mais fondateur sur Batman/Joker même si j'ai beaucoup de mal avec ça ; Arkham Asylum, oeuvre peinte où Batman doit entrer dans Arkham prise par ses prisonniers pour affronter leurs névroses...et les siennes.
Il y en a encore plein, mais j'ai aussi beaucoup de mal avec Robin même s'il y a de bonnes histoires. Les meilleurs moments de Batman, c'est quand on le traite pour ce qu'il est : un fou. Cet homme est fou, complètement taré, à la sexualité néante, aux désirs brutaux et glauques ; cet homme a été bloqué à 8 ans, se cache derrière un masque et s'est oublié. Batman est Batman, Bruce Wayne n'est qu'un déguisement et il ne pourra jamais être en paix. C'est un sociopathe, aussi fou que ceux qu'il poursuit mais dont les "valeurs" correspondent juste plus à celles actuellement en vogue : c'est un peu la seule différence avec les autres. Mais en même temps, c'est aussi le manifeste brûlant qu'un homme seul, un seul homme avec de l'entraînement et surtout de la volonté, peut faire la différence. Il est à la fois le pire et le plus beau reflet de l'Humanité : ce qu'on peut devenir, comment un homme peut s'abandonner, se sacrifier jusqu'à la folie pour un but honorable, pour une valeur...même si elle est biaisée par sa propre folie.

Je me rends compte que j'ai sûrement l'air fou en racontant tout ça, mais je suis un passionné et surtout un grand, grand fan de Batman. Dans la galaxie des comics, il est mon préféré car il est le plus humain : même si Spider Man est plus proche que moi dans la situation sans masque, même si Tony Stark est plus classe, Batman reste un symbole. Chez DC, à côté de Superman, Wonder Woman, Flash, etc., à côté des Dieux (et c'est le but de l'éditeur !), des êtres divins aux pouvoirs monstrueux, aux côtés des icônes, il est là, seul homme sans autre capacité que sa volonté et son envie de faire la différence. Il est la preuve, en comics, qu'un homme seul peut faire la différence, peut tenir la dragée haute aux plus puissants et être le meilleur.
C'est ça que j'aime chez Batman. J'ai sûrement un problème avec les gens en collants aimant les chauve-souris, mais bon...je peux vivre avec.