La taverne blanche (Lundi, Nuit)

La serveuse, Alice, se retourna. Pendant les premières secondes, son regard parut amusé, conséquence d’une ambiance jusqu’alors appréciée, qui, par l’arrivé d’un homme costumé, devint soudainement silencieuse. Les clients, hormis quelques rares exceptions, trempaient dans des affaires louches. Ils n’appréciaient guère les Super Héros, ces idoles du peuple qui gagnent l’affection par l’entrave des professions souterraines. Tous dévisagèrent l’inconscient ; naturellement, Ryumaru pensa sans crainte que son accoutrement causât un tel voyeurisme. Il fallut les mots d’Alice pour réveiller sa réflexion :

« Vous n’êtes pas bien, s’écria-t-elle, visiblement inquiète, venir ici, en cette date, c’est du suicide ! »

« Si tu veux crever, lâcha un homme à l'allure militaire assis à une table de poker, c’est ton problème, mais vient pas le faire ici ».

« Arrête ça, dit Sébastien, le barman, tout en continuant à nettoyer un verre, c’est probablement son coéquipier ».

« Le Faucheur travaille seul, vint conclure un jeune homme d’à peine seize ans, celui ci est juste un demeuré ».

Le garçon, malgré son âge, semblait respecter de ses aînés et les rares personnes entravant son chemin s’écartèrent rapidement pour lui laisser le champ libre. Lorsqu’il fut près de Ryumaru, il constata les traits fins qui donnaient à ce voyou un air angélique. Ses yeux, d’un vert éclatant, détaillèrent le Héros. Sa bouche, elle, esquissa un sourire teinté de sadisme et ses cheveux sombres, partiellement masqués par une casquette de chauffeur, scintillaient sous les lumières agressives de la pièces.

Le nom percuta immédiatement l’esprit Ryumaru. Le faucheur ! L’âme damnée de Pardaillan, son homme tapi dans l’ombre que l’on sait responsable pour tous les meurtres d’envergures. Même la police le recherche… Mais comment connaître le visage d’un métamorphe ? Mieux encore, comment arrêter un homme capable de générer par sa peau des armes blanches ? Peu d’informations furent divulguées sur cette entité terrifiante, mais l’on sait que son pouvoir est apparu suite à l’incident des Lucioles en 68.

« Vous devriez partir, révéla le garçon, il n’hésitera pas ».

Le serveur esquissa un sourire à l’écoute du compliment. Il fit le café, qu’il posa face à Ryumaru, et le déclara offert, sur le compte de la maison, en l’honneur d’un condamné. Le jeune homme, amusé par l’insouciance de son interlocuteur, prit place à ses côtés. L’occupant précédent, voyant l’arrivé du voyou, déserta son tabouret silencieusement, comme si une objection aurait pu lui coûter la vie. « Ne pas craindre le Faucheur, lança-‘t-il tout en commandant un jus d’abricot, c’est une stupidité que peu osent prétendre. C’est un peu comme se moquer de la mort, brave, mais révélateur d’une incompréhension de la vie ».

Il plongea une paille dans son verre et commença à en drainer le contenu. « Pour ce que tu en sais, reprit-il après une longue gorgée, il est déjà à l’intérieur, entrain de t’épier ». Alors même que ces paroles furent prononcées, un homme, pour le moins étrange, fit son entrée. Son teint était aussi pâle qu’une lune morte, ces yeux, d’un bleu vide, détaillaient chacune des personnes présentes, et sa corpulence, très fine, lui donnait un soupçon de fragilité morbide assez repoussante.

Spoiler:

L’homme se déplaça d’un pas lent en direction du jeune voyou, qui se leva de son siège pour lui murmurer quelque chose à l’oreille. Le cadavre dévisagea Ryumaru, toujours en conservant ce silence de mort, puis, il prit la main de l’enfant et le couple, sous les regards ébahis d’une audience mortifiée, sortit du bar. « T’as eu de la chance, déclara Sébastien d’une voix tremblante, Martin l’a convaincu de te laisser tranquille, c’est son régulier, alors il l’écoute, mais ne tente pas ta chance, ne va surtout pas lui courir après si tu tiens à tes miches ».

Mais le Faucheur était un gros poisson, sa capture serait une victoire importante sur les Mutocrates. Ryumaru saurait-il y résister ?

Le quartier ne possédait aucune qualité esthétique capable d’attirer l’œil du touriste, même si ce dernier, gourmand de misère, ne parvenait à se satisfaire du malheur uniquement par la flatteuse famine infantile. Entre les énormes conteneurs remplis de poubelles, on trouvait des sans abris, encore sous l’effet de l’étincelle, dont les rares moments de lucidité s’accompagnaient par des gloussements causés par la vision d’un couple qui, en sus d’être homosexuel, approfondissait le tableau par une différence d’âge assez troublante.

Martin, accroché au bras du vieil homme, appuyait sa tête contre l’épaule de son cavalier. Ensemble, ils marchaient sous la lumière des lampadaires avant de brièvement disparaître dans la pénombre pour, à nouveau, embrasser le confort des néons. Ryumaru les suivit jusqu’à une voiture garée selon les conventions de l’urbanisme, fait d’une rareté surprenante quand on regardait le reste des véhicules qui s’entassaient dans une cohue horizontale étonnamment appréciable à l’œil. Le cadavre, dans un geste de galanterie, ouvrit la portière pour son achat charnel, tournant le dos à l’ombre héroïque qui, contre toute attente, l’avait suivie.

La nuit criait son désespoir. Les infortunés, délaissés dans ce quartier pour conserver le panorama des endroits plus décents, s’occupaient à leurs débauches et s’amouracher de leurs misères qu’ils avaient appris à accepter ; ils juraient, d’un doigt dressé fièrement, contre la monarchie du pouvoir, modelant par des théories d’ivrognes un monde plus équitable, plus juste. Il n’était pas rare de voir des gens plus aisés s’aventurer dans ces lieux. Le cadavre, dont la voiture dénotait, faisait partie de cette caste se pavanant dans l’officiel pour s’adonner aux vices dans l’ombre des démunis. Il aimait la chair et si elle se montrait jeune, il la consumait régulièrement pour satisfaire ses pulsions bannies par la décense.

Alors qu’il faisait le tour pour monter dans son véhicule, une odeur de brûlée vint envahir ses narines. On aurait suspecté, de la part du Faucheur, des réflexes plus conséquents capables d’esquiver une attaque de simple pyrokinésie. À la grande surprise de Ryumaru, il n’en fut rien. Les cheveux, et les vêtements, s’enflammèrent et, dans un cri de souffrance suivit d’une gesticule épileptique, l’homme courut quelques mètres avant de s’effondrer au sol, mort. Ryumaru resta coi devant l’anéantissement simpliste d’une telle légende, mais, lorsqu’un bruit de glace brisé se fit entendre, le héros comprit, non sans colère, qu’il s’était trompé de cible. Un objet métallique lui perfora sa poitrine, frôlant d’à peine quelques centimètres son cœur. La lame, aussi rapide fit elle son entrée, ressortit en un bruit sanguinolant.

Martin, le jeune prostitué, sortit de son véhicule, son bras complètement transformé en acier. Il s’agenouilla devant Nogard, maintenant au sol, et lui parla d’une voix calme qui trahissait un ego bien trop important pour être voilé par l’apanage de la mascarade sociale. « Tatatata, souffla-t-il, les Néo-Jacobins sont toujours sur mon dos… Quelle tristesse de voir un inconnu s’intéresser à mon cas, quoique, bien d’autres n’auraient pas tenter leurs chances. Mais réfléchissez, si vous aviez le pouvoir de ressembler à qui vous voulez, choisiriez-vous une telle débâcle physique ? » Il laissa planer quelques secondes pour laisser à son ennemi le temps de la réflexion : « J’ai fait courir les rumeurs affirmant qu’il était le faucheur, et j’ai fait en sorte de devenir son régulier. Jusque-là, personne ne m’avait débusqué, et à ce titre, vous méritez tous les honneurs. C’est pourquoi je vais vous laisser la vie sauve, maintenant que vous avez tué un innocent, vous allez connaître la joie de cavale. Je vous considère comme un ennemi personnel alors méfiez-vous des inconnus. À la prochaine ».

Le Faucheur se releva, l’air narquois sur son visage d’ange, et en une démarche lente et provoquante, il disparut dans l’ombre d’une ruelle, troquant son apparence pour une autre. Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que le Néo-Jacobin ne puisse entendre les sirènes d’une ambulance et qui l’amena, en urgence à l’hôpital.

[ Coucou ! Ton mode d’introduction est maintenant terminée, tu es libre de jouer avec les autres joueurs. Ta blessure fut superficielle, tu as survécu sans aucun problème et les Néo-Jacobins ont fait taire l’incident, l’avantage d’être dans un parti politique. Tu perds quand même deux points de popularité auprès de la population et tu peux rajouter quinze points de gadgets. Concernant tes objets, je t’invite à contacter Yoko si tu désires avoir une arme spéciale, en accord avec les trois premières catégorie, qui se chargera, contre une requête de sa part, de répondre à tes désirs. Ton passage à l’hôpital ne sera pas joué, mais tu portes quand même une belle cicatrice et une douleur, si le cœur t’en dit. Ce fut bref, mais très plaisant pour moi, si tu as des questions, ou des objections, n’hésite pas à me contacter par mp. J’espère que ça t’a plu ^^

PS : Rejoins un autre joueur plutôt que de t’isoler en ouvrant un sujet, vous êtes peu nombreux, éviter de vous disperser. ]